En 1503, Nicolás de Ovando fonda Port Royal (Puerto Real) près de la commune actuelle de Caracol. Mais la colonie fut rapidement abandonnée et en 1578 une nouvelle cité fut fondée en reprenant le nom local de cette région Taino, Bayaha (Bayajá en espagnol) qui passera sous le contrôle de la France en 1697.
Suite à la construction d'un fort en 1735 la ville prendra le nom de celui-ci : Fort-Dauphin. La ville sera ensuite baptisée Fort-Royal en 1811 avec l'accession au pouvoir d'Henri Christophe, puis elle sera renommée Fort-Liberté en 1820 après la mort du souverain.
Aujourd'hui les touristes se rendent surtout à Fort-Liberté pour visiter Fort-Fauphin et les autres forteresses qui gardaient la très belle baie au fond de laquelle la ville s'est installée.
Située à 50 kilomètres seulement de Cap-Haïtien, Fort-Liberté sera comme beaucoup de communes de la région très affectée par le tremblement de terre de 1842, mais elle a conservé cependant un centre historique qui mérite d'être visité avec sa Place d'Armes ornée d'une belle fontaine centrale, et la présence de Fort-Dauphin construit sur une petite péninsule de la Baie de Fort-Liberté.
Symboliquement, c'est en passant sous un grand arc de triomphe construit au début du 20ème siècle qu'on entrera dans la ville de Fort-Liberté, un édifice qui remplace l'ancien arc de triomple élevé par les agriculteurs au début du 19ème siècle pour accueillir le Président de la République Jean-Pierre Boyer qui succéda à Alexandre Pétion et gouverna l'île pendant 25 ans.
Lieux à visiter à Fort-Liberté et ses environs :
Fort-Dauphin est bien sûr le plus beau site historique de Fort-Liberté. Construite en 1735 avec des pierres de tailles apportées de France sur ordre du Roi de France Louis XV, la forteresse s'élève sur un petit promontoire rocheux qui lui permet de voir la ville et protéger la baie.
Les batteries de canons furent construites entre 1741 et 1743 et Fort-Dauphin disposait alors de 55 canons qui furent également apportés de France.
Ses vestiges vous permettront d'apprécier la conception de ce fort aussi efficace qu'utile avec son architecture en harmonie avec le paysage.
C'est à Fort-Dauphin que l'acte d'indépendance signé par Dessalines, Christophe et Clerveaux sera proclamé le 28 novembre 1803.
D'autres forts ont été construits à l'embouchure de la Baie de Fort-Liberté avec la Mer des Caraïbes. Ce système défensif est composé de Fort Saint-Frédéric et Fort Saint-Charles construits en 1740, et de Fort la Bouque édifié en 1736 sur l'emplacement d'une ancienne forteresse espagnole et qui servit par la suite de prison sous le règne de Faustin Soulouque, élu Président en 1847 et qui se fit sacrer Empereur sous le nom de Faustin Ier en 1852.
Le système défensif était complété par la Batterie de l'anse avec sa poudrière, qui date de 1756.
Comme pour la construction de Fort-Dauphin, la plus grande partie des pierres de tailles qui servirent à la construction des ses bâtiments défensifs furent apportées de France en bateau.
A une quinzaine de kilomètres au sud-est de Fort-Liberté on découvrira la ville de Limonade qui avait été fondée par les espagnols sous le nom de "Pueblo Limón" en raison de la présence de nombreux citronniers. Quand les français débarquèrent à Saint-Domingue ils décidèrent donc de fonder la ville de Limonade qui reçut ses premiers habitants en 1676, mais 15 ans plus tard, le 21 janvier 1691, 3 000 soldats espagnols attaquèrent la cité et 300 français furent tués. Cependant, en 1697 l'Espagne dut reconnaître la présence française dans cette partie de l'île et la ville de Limonade commença à prospérer grâce aux plantations de canne à sucre et l'arrivée massive d'esclaves noirs africains.
Aujourd'hui Limonade dispose de l'université la plus moderne de Haïti, l'Université Roi Henri Christophe dont le campus financé par la République Domicaine peut accueillir 10 000 étudiants et a été inauguré en 2012.
Depuis Fort-Liberté on pourra se rendre en bateau jusqu'à l'île Bayau ou découvrir la mangrove qui s'étend le long des côtes de la Baie et le long des rives de la rivière Manon.
A quelques kilomètres à l'est de Fort-Liberté, près de la frontière avec la République Dominicaine, on découvrira le Lagon aux Boeufs, un lac de 450 hectares qui abrite de nombreux oiseaux comme le Dendrocygne des Antilles, une espèce de colibri connu sous le nom de Mango doré, le Todier à bec large ou le Tangara à couronne noire.
C'est également au départ de Fort-Liberté que l'on se rendra à Ouanaminthe, ville frontière séparée de Dajabón en République Dominicaine par la Rivière du Massacre qui marque la frontière entre les deux pays.
La Rivière du Massacre s'appelait auparavant Guatapana ou Río Dajabón, mais elle reçut son nom suite au massacre de 20 000 haïtiens qui travaillaient dans les champs de canne à sucre de République Dominicaine sur décison du dictateur Rafael Leónidas Trujillo Molina, sous prétexte que la population dominicaine se plaignait du vol de bétails et divers produits alimentaires.
Aujourd'hui Ouanaminthe vit surtout des échanges commerciaux avec la République Dominicaine grâce au pont passant au dessus de la Rivière du Massacre et qui la relie à Dajabón.
Ouanaminthe est le deuxième point de passage les plus important entre Haïti et la République Dominicaine après la ville de Malpasse près de l'Etang Saumâtre et qui permet de rejoindre Jimaní dans le pays voisin.
Pour rejoindre Fort-Liberté depuis Port-au-Prince il faudra premièrement se rendre à Cap-Haïtien en avion ou en bus (Sunrise Airways qui propose plusieurs vols par jour à partir de 93 USD tandis que les compagnies de bus comme Sans-Souci Tour ou Le Transporteur qui propose le billet simple pour 700 Gourdes), puis prendre un bus local, un pickup, un camion ou un taxi pour aller jusqu'à votre destination finale située à 51 kilomètres en passant par Limonade.
Ceux qui viendraient de la République Dominicaine pourront rejoindre Fort-Liberté en passant par le poste frontière de Dajabón. La compagnie Caribe Tours propose 5 voyages par jour entre Santiago de los Caballeros et Dajabón pour 200 Pesos (soit moins de 4 €). Il suffit ensuite de rejoindre Ouanaminthe et de là prendre un bus ou un taxi jusqu'à Fort-Liberté distante de 21 kilomètres depuis la frontière.
La ville de Fort-Liberté est assez petite et on pourra y circuler à pied pour y découvrir ses quelques attaractions. Sachez tout de même que Fort-Dauphin (connu aussi sous le nom de Fort Saint-Joseph) se trouve à 1,5 kilomètre de l'arc de triomphe, un trajet que les plus pressés feront en moto taxi ou en taxi.
Pour découvrir les trois autres forteresses qui protégeaient la ville de Fort-Liberté le plus simple sera de prendre un bateau au port pour naviguer sur la Baie de Fort-Liberté. La plus intéressante des trois est celle de Fort La Bouque qui contrôlait l'étroit passage entre l'Océan et la baie.
Au cours de votre excursion vers Fort la Bouque vous ferez un un détour vers l'île Bayau qui servait autrefois de refuge aux pirates.
On repartira de Fort-Liberté comme on est venu, c'est à dire le plus souvent en bus commun ou en taxi jusqu'à Cap-Haïtien où l'on trouvera plus facilement d'autres moyens de transport plus confortable pour rejoindre d'autres destinations en Haïti.
Les plus pressés prendront l'avion à Cap-Haïtien pour rejoindre Port-au-Prince, tandis que les autres prendront le bus pour aller à Gonaïves ou poursuivre leur visite de la côte Nord à destination de Labadie.
Ceux qui souhaiteraient se rendre en Répubique Dominicaine rejoindront en bus commun la ville de Ouanaminthe afin de passer la frontière puis prendre un bus à Dajabón pour rejoindre Santiago de los Caballeros ou Santo Domingo.
Il y a peu d'hôtels à Fort-Liberté et aucun que l'on puisse réserver à travers les centrales de réservation traditionnelles. Il faut avouer que la visite de Fort-Liberté peut se faire en quelques heures et la plupart des touristes choisissent de dormir du côté de Cap-Haïtien. Si vous choisissez cette solution, la plus recommandée, vous découvrirez un choix d'hôtels très confortables ci-dessous.
Au cas où vous souhaiteriez absolument passer une nuit à Fort-Liberté, surtout si vous pensez découvrir la Baie de Fort-Liberté, ses forteresses et sa mangrove abritant de nombreux animaux, nous vous conseillons l'hôtel Bayaba situé à l'angle des rues Vertières et Bourbon (33 USD la nuit), l'hôtel La Sirène dans la Rue Bory prolongée, à proximité du lycée (8 USD la nuit), ou Le Relais Hotel situé au bord de la Baie de Fort-Liberté en prenant la troisème rue à droite en arrivant dans la ville, 800 mètres avant l'arc de triomphe.