José María Arguedas est né à Andahuaylas (Pérou), le 18 janvier 1911, dans le cœur de la région andine la plus pauvre et la plus oubliée du pays.
Il est donc très tôt en contact avec les personnages et le milieu qu'il incorporera dans son œuvre.
La mort de sa mère, Victoria Altamirano Navarro, quand il avait deux ans et les fréquentes absences de son père avocat, Víctor Manuel Arguedas Arellano, le pousse à chercher refuge parmi les paysans indiens, dont il acquiert la langue quechua, les croyances et les valeurs.
Etudiant à l'Université San Marcos de Lima à partir de 1931, il a beaucoup de difficultés pour s'adapter à la ville sans renoncer aux traditions indigènes, ressentant tout ce que peut éprouver l'Indien qui doit laissé de côté sa propre culture pour assimiler un autre rythme de vie.
Ces problèmes le suivront tout au long de sa vie, au point de l'handicaper dans la lutte culturelle et politique pour la reconnaissance des indigènes.
Il obtiendra cependant une licence de Littérature et poursuit des études d'Ethnologie jusqu'au doctorat qu'il recevra en 1963.
Entre 1937 et 1938, José María Arguedas sera emprisonné pour avoir participé à une manifestation contre un envoyé du dictateur italien Benito Mussolini, le général Camarotta. Il passera 8 mois en prison au centre pénitencier "El Sexto" de Lima, un moment de sa vie qu'il relatera plus tard dans le roman du même nom. José María Arguedas va d'ailleurs profiter du temps qu'il passe en prison pour traduire des chansons quechuas qui seront publiées dans son second livre "Canto kechwa" (1938).
Le 30 juin 1939, José María Arguedas se marie avec Celia Bustamante Vernal qu'il avait rencontré à la Peña Cultural "Pancho Fierro", un centre de réunion très connu des artistes et intellectuels de Lima.
Pendant ses études universitaires, il enseigne comme professeur d'Espagnol et de Géographie à Sicuani, près de Cuzco puis dans différents collèges de Lima.
En 1942, José María Arguedas devient fonctionnaire du Ministère de l'Education Nationale et s'attache alors à promouvoir la culture péruvienne à travers la danse et la musique des Andes. Il est alors nommé en 1947 Conservateur Général du Folklore du Ministère de l'Education, puis Chef de la Section Folklore et Beaux Arts de 1950 à 1952.
Après l'obtention de son doctorat en ethnologie en 1958, José María Arguedas reçoit une bourse de l'UNESCO pour réaliser différents travaux sur les racines espagnoles de la culture andine en Espagne.
Son action est reconnue en haut lieu et sous la présidence de Fernando Belaúnde Terry, José María Arguedas devient Directeur de la Maison de la Culture de 1963 à 1964, puis Directeur du Musée National d'Histoire de 1964 à 1966. Entre 1958 et 1968, il enseigne comme professeur d'Ethnologie à l'Université de San Marcos et à l'Université Nationale Agraire La Molina (de 1962 à 1969).
En 1965, José María Arguedas divorce de Celia et commence une nouvelle relation avec la chilienne Sybila Arredondo avec qui il se marie en 1967. Plusieurs années plus tard Sybila Arredondo sera emprisonnée au Pérou, accusée d'avoir des liens avec le groupe terroriste du Sentier Lumineux. Elle repartira au Chili en 2002 après sa libération.
José María Arguedas fera de nombreux voyage à l'étranger, se rendant à Gênes à un congrès d'écrivains, parcourant les universités de Washington, de Californie et de l'Indiana aux Etats-Unis, visitant Panama, la France, le Chili, l'Argentine et l'Uruguay.
Mais en 1966, fatigué et angoissé, Arguedas souffre d'une dépression est fait une première tentative de suicide le 11 avril en consommant une énorme dose de barbituriques. Depuis lors il s'isole de ses amis et renonce à ses charges ministérielles dans le but de se consacrer entièrement à ses postes de professeur d'Université.
Arguedas se remet alors à voyager à Puno pour présider un concours folklorique pendant les fêtes de la Chandeleur, passe 15 jours au Mexique pour assister au Deuxième Congrès Latino-américain des Ecrivains à Guadalajara, part au Chili et en Autriche pour prendre part à une réunion d'anthropologie.
En 1968, il reçoit le Prix "Inca Garcilaso de la Vega" pour sa contribution aux arts et aux lettres du Pérou, puis voyage à Cuba avec Sybila pour participer comme membre du jury au Prix Casa de las Américas. Cette année là, il entre en polémique avec l'écrivain argentin Julio Cortázar.
Au début de l'année 1969, Arguedas fait plusieurs voyages au Chili, mais ses idées suicidaires le rattrapent. Il écrit dans son journal : "Je ne vais pas survivre à ce livre. Comme je suis sûr que mes facultés et mes armes de créateur et de professeur se sont affaiblies au point de devenir presque nulles, et qu'il ne me reste que la condition de spectateur passif et impuissant face à la formidable lutte qu'est en train de mener l'Humanité au Pérou et dans le reste du monde, il me sera impossible de tolérer ce destin. Soit je suis acteur, comme je l'ai été depuis que je suis entré à l'école secondaire il y a 43 ans, soit je suis rien".
José María Arguedas démissionne alors de son poste de Professeur de l'Université Agraire La Molina et le 28 novembre 1969, il s'enferme dans les toilettes de l'université pour se tirer une balle dans la tête, mourant le 2 décembre 1969 après 5 jours d'agonie.
Sa lutte, Arguedas a surtout su l'exprimer dans ses écrits. Dans les trois contes de la première édition de "Agua" (1935), dans son premier roman "Yawar fiesta" (1941) et dans "Diamantes y pedernales" (1954), on apprécie l'effort de l'auteur pour offrir une version des plus authentiques de la vie andine.
Dans ces œuvres Arguedas revendique le Droit au mode de vie de l'Indien, sans tomber dans un racisme à l'envers.
L' œuvre de José María Arguedas comprend au moins trois romans : "Los ríos profundos" (1956), "Todas las sangres" (1964) et "El zorro de arriba y el zorro de abajo" (1971). Le dernier roman restera inachevé.
L'œuvre qui exprime avec le plus de lyrisme et de profondeur le monde mythique des indigènes, avec la persistance de ses traditions magiques, est sans nul doute "Los ríos Profundos". Son mérite est de présenter toutes les nuances d'un Pérou en pleine phase d'intense métissage.
Reconnaissant le talent du romancier on lui confiera d’importantes charges au ministère de la culture de son pays et, il fera de la langue Quechua la langue officielle du Pérou avec l'espagnol.
Découvrez ci-dessous les principales oeuvres de José María Arguedas, certaines traduites en Français et d'autres en Espagnol.