L’éruption qui a changé la face de l’Islande
Par Americas • Catégorie: InformationsAnnonce publicitaire :
L’éruption volcanique en Islande continue de perturber le trafic aérien en Europe où 60% des vols devraient être annulés ce vendredi 16 avril 2010. Mais il y a 227 ans l’éruption d’un volcan fut beaucoup plus dévastatrice, provoquant la disparition d’un cinquième de la population de l’île, des dizaines de milliers de personne en Europe.
Le 8 juin 1783, l’Islande peuplée depuis à peine 750 ans, avait une population de 50 000 habitants. Mais à 9h du matin une terrible explosion volcanique allait provoquer la mort de 10 000 d’entre eux.
L’éruption du volcan Laki est la plus grande catastrophe de l’histoire de l’Islande. Le Laki est situé dans la même région que le volcan Katla qui vient à son tour d’entrer en éruption après de nombreuses années de sommeil.
En 1783, l’explosion a été si puissante qu’une immense faille est apparue à la surface de la terre et des dizaines de cratères en ébullition apparurent. Au cours des huit mois qui suivirent le Lakagigar, les « cratères de Laki », ont déversé 600 km² de lave sur la campagne environnante et plus de gaz toxiques que n’importe quelle éruption volcanique au cours des 150 dernières années.
Les effets de l’éruption du Laki ont été ressentis sur tout l’hémisphère nord. Ce fut la deuxième éruption la plus puissante de ces 1000 dernières années, juste après celle du Tambora en Indonésie.
Le dioxyde de soufre qui émanait des cratères du Laki était aussi nocif que celui du Pinatubo aux Philippines, en 1990, dont l’éruption a contribué au réchauffement climatique selon les experts.
L’éruption de 1783 dégagea une très grande quantité de gaz qui créa un énorme nuage d’acide sulfurique qui commença a dériver en direction de Europe et dans le monde entier. 122 millions de tonnes de dioxyde de soufre furent émis dans l’atmosphère.
Le nuage toxique a voyagé à travers Norvège, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, provoquant la panique quand les ouvriers agricoles ont commencé à tomber comme des mouches.
A cette époque le gens n’avaient aucune idée de la consistance de ce brouillard venu d’on ne sait où et qui étouffait ceux qui respiraient ces gaz nocifs.
Selon les estimations, plus de 20 000 personnes seraient décédées en Grande-Bretagne au cours de l’été 1783. Juillet 1783 a été le mois le plus chaud en Grande-Bretagne en 300 ans de statistiques. L’atmosphère chargée de cendres était apocalyptique.
C’est seulement en automne que l’on vit le brouillard se lever mais les habitants n’étaient pas au bout de leurs peines puisqu’ils durent affronter l’hiver le plus rede en 250 ans, provoqué par l’absorption du dioxyde de soufre dans la stratosphère.
L’Islande a beaucoup souffert, pas tant de l’éruption en elle-même mais de ses conséquences sur l’environnement. Les habitants et les animaux de fermes sont morts surtout de famine.
Les gaz toxiques ont empoisonné les plantes que mangeaient le bétail. 80% des moutons et la moitiés des bovins et des chevaux périrent empoisonnés. Et les hivers qui suivirent furent aussi rudes si bien qu’un cinquième de la population islandaise fut décimé.
Sans les stocks de poissons les conséquences auraient encore été plus graves. Au moment de l’éruption les deux tiers de la population étaient des agriculteurs, les autres pêcheurs.
Dans les zones côtières où la morue était abondante, la famine s’est fait moins sentir. Mais la gestion du pays dépendant du Royaume du Danemark n’a pas permis de venir en aide efficacement au reste de la population.
Les aides venant du Danemark arrivaient très lentement et Reykjavik n’était ni plus ni moins qu’un village incapable de coordonner les efforts pour faire face à la famine à travers le pays en distribuant le poisson, principal produit d’exportation de l’île.
C’est une période tragique de l’histoire islandaise qui reste gravée dans la mémoire de la population qui jauge toutes les difficultés en les comparant à cette époque. Les islandais l’appellent Moduhardindin, ce qui veut dire « Difficultés de brume ».
Dans les écoles islandaises on enseigne aux enfants la tragédie du Laki car les éruptions volcaniques sont fréquentes dans l’île. L’étude de la géologie et des volcans est un des enseignements essentiels à l’école.
Le Laki est entré en éruption au moment où les croyances surnaturelles commençaient à laisser place aux idées progressistes du Siècle des Lumières.
L’éruption fut un choc très violent car les gens commençaient à croire au progrès qui allait améliorer leur vie quotidienne. Mais ce fut épouvantable de se rendre compte qu’ils ne pouvaient plus contrôler leur vie, qu’ils étaient impuissants face aux forces de la nature. Pour l’Église, les habitants du pays ont été punis pour leurs péchés.
L’éruption du Laki a eu d’autres conséquences sur la société islandaise. Contrairement aux norvégiens ou aux habitants des îles Féroé, les islandais ont cessé de danser, oubliant leurs danses traditionnelles. Après la famine, la population n’avait plus le cœur à cela.
Cependant, le pays a su rebondir après la catastrophe et 20 ans plus tard la population islandaise s’élevait à nouveau à 50 000 habitants. Deux siècles plus tard elle est aujourd’hui de 320 000 habitants.
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