Si le Gouvernement ne prend pas de mesures contre Ryanair, nous paralyserons le pays. C’est ainsi que s’est exprimé un dirigeant syndical au journal espagnol El Economista.

Les représentants syndicaux du secteur aérien espagnol ne supportent plus ce qu’ils estiment être une concurrence déloyale de la part de la compagnie low cost irlandaise et menace d’une grève générale s’ils ne sont pas entendus.

Les syndicats CCOO, UGT et Sepla, le dernier fédérant la majorité des pilotes, préparent un document qu’ils présenteront à la fin du mois de septembre aux ministres espagnols du Travail, de l’Economie et du Développement.

Dans ce document ils exposeront en détail leurs plaintes contre Ryanair. Entre les nombreux griefs les syndicats font remarquer que les pilotes et le personnel au sol de la compagnie irlandaise ne payent pas leurs impôts en Espagne même si la compagnie opère sur le pays.

Ils feront remarquer au Ministre du Travail que les employés de Ryanair n’ont pas le droit de se syndiquer et que leurs contrats de travail sont léonins, la compagnie pouvant faire pratiquement tout ce qu’elle veut.

Les syndicats critiquent également la politique du Ministère du Développement qui a permis à Ryanair et d’autres compagnies étrangères de s’installer facilement sur les aéroports espagnols.

La mesure la plus critique est celle qui exempte de taxes d’aéroport les compagnies aériennes qui ont transporté plus de passagers qu’en 2008. Avec la crise économique, pratiquement seules les compagnies aériennes comme Ryanair et easyJet bénéficieront de ce cadeau de l’État espagnol.

La seule la compagnie espagnole qui peut prétendre à cette exemption est Vueling, laquelle transportera vraisemblablement plus de passagers que l’année antérieure grâce à sa fusion avec Clickair.

Cependant, personne ne sait comment sera fait le décompte à la fin de l’année mais si le gouvernement prend en compte le nombre de passagers des deux compagnies en 2008, Vueling ne pourra prétendre à aucune exemption.

Une autre crainte des syndicats serait que Ryanair obtienne un traitement de faveur sur des aéroports comme celui de Madrid-Barajas en lui accordant ce qu’on appelle un « Couloir vert ».

Dans le langage aéronautique, le couloir vert c’est l’autorisation pour une compagnie de pouvoir faire embarquer ses passagers sans l’utilisation des passerelles ni des autobus qui transportent habituellement les passagers jusqu’à l’avion.

De cette manière les passagers vont directement de la salle d’attente à l’avion en marchant quelques mètres sur la piste, ce qui permet à la compagnie aérienne une meilleure rotation de ses avions, gagnant du temps par rapport à la concurrence qui n’utilise pas ce système.

La compagnie irlandaise a changé de stratégie sur le marché espagnol ces dernières années. Elle a commencé à travailler sur des aéroports secondaires mais aujourd’hui elle a décidé de travailler sur des plateformes d’importance comme l’aéroport de Madrid Barajas. Depuis quelques mois Ryanair tente aussi de négocier son arrivée sur l’aéroport de Barcelone El Prat. Les syndicats craignent donc que Ryanair obtiennent ce traitement de faveur sur tous les aéroports espagnols où elle opère, mettant à mal la concurrence.

Une partie des revenus que Ryanair perçoit en Espagne provient des accords obtenus des collectivités locales (Chambres du Commerce ou Communautés Autonomes) pour favoriser le tourisme grâce à une subvention.

Le journal El Economista a tenté de contacter sans succès la direction de Ryanair pour connaître son opinion à propos de ce que les syndicats espagnols lui reprochent.

En France, la compagnie irlandaise a déjà fait l’objet de plaintes par rapport à cette pratique et la justice française avait déclaré illégales certaines de ces aides.

Les syndicats espagnols qui ont initié ce mouvement de protestation contre Ryanair espèrent maintenant que d’autres syndicats se joignent au mouvement, comme Stavla (auxiliaires de vol), Sitcpla (Personnel navigant) et Asetma (Maintenance).

Liens publicitaires