La France avait déjà testé les scanners corporels à l’aéroport de Nice il y a moins d’un an, mais face à la réprobation quasi générale l’idée avait presque abandonnée.

Aujourd’hui, la tentative d’attentat sur le vol Amsterdam-Detroit de Northwest Airlines replace sur le devant de la scène ce fameux scanner qui « déshabille » les passagers dans le but de détecter des armes ou des explosifs bien cachés.

Les Pays-Bas, premier pays concerné par la faille de sécurité qui a permis au terroriste nigérian d’embarquer sur le vol de la Northwest, a été un des premiers a annoncé l’installation de ces scanners corporels tant décriés il y a peu, y compris par la plupart des députés européens. En octobre 2008 ils s’étaient opposés massivement (361 voix contre 16 et 181 abstentions) à ce qu’ils considéraient comme une atteinte au « droit à la vie privée, à la protection des données et à la dignité personnelle ».

Les Pays-Bas ont été suivis par le Royaume-Uni qui compte également équiper rapidement l’aéroport de Londres Heathrow de scanners corporels, et par les États-Unis bien évidemment.

Il n’en fallait pas plus pour que la plupart des pays européens ayant un trafic passager vers les États-Unis songent également à s’équiper de ces boîtes magiques qui vous mettront à nu devant les yeux de l’employé de la sécurité.

La psychose a bien entendu touché la France et la Direction Générale de l’Aviation Civile vient d’annoncer que des scanners corporels allaient être commandés et être à installés avant la fin du mois de janvier 2010 dans l’aéroport de Paris Charles de Gaulle et celui d’Orly.

Pourquoi cet empressement alors que l’Union Européenne n’a pas encore donné son feu vert, si ce n’est que pour des expérimentations ? Est-on sûr de l’innocuité de ce type de scanner alors qu’il a toujours été conseillé d’éviter les expositions répétées aux rayons X.

Sur ce dernier point, les autorités se veulent rassurantes en expliquant que le scanner expérimenté en France utilise des ondes millimétriques qui ne vont pas plus loin que la surface de la peau tandis que les scanners américains la pénètrent. On partira donc sans risque depuis l’Europe, peu importe si le passager devra passer au retour par les scanners moins sûrs des aéroports américains.

Les fervents partisans du scanner corporel vous expliqueront aussi que le passage aux contrôles de sécurité se fera plus vite, évitant aux passagers de longues files d’attente.

Le principal reproche fait au scanner corporel était de dévoiler les parties intimes des passagers aux yeux de l’agent de sécurité se trouvant derrière l’écran. Pour tenter de rassurer les plus pudibonds ou complexés, la DGAC affirme qu’en aucun l’agent de sécurité ne verra le visage de la personne passant au scanner, seulement l’image d’un corps nu dont les parties génitales seront floutées.

L’explication sera-t-elle suffisante pour convaincre les passagers de l’absence de danger des scanners corporels ? En l’absence d’autorisation de l’Union Européenne les passagers pourront encore refuser de passer au scanner, mais devront accepter la palpation par les agents de sécurité. Mais ne fantasmez pas trop vite messieurs, en aucun cas une employée ne palpera un homme et inversement.

Tous les voyageurs prenant l’avion sont unanimes pour que la sécurité des aéroports soient renforcés. Prendre l’avion avec l’angoisse des attentats est une des principales raisons pour renoncer à voyager.

Mais on peut se demander pourquoi tant d’empressement à vouloir installer des scanners corporels d’une valeur de près de 150 000 € l’unité dans de nombreux aéroports après un acte terroriste manqué qui serait passé inaperçu en d’autres temps.

Pour les deux seuls fabricants de scanners corporels, Rapiscan System aux USA et Smiths Detection en Grande-Bretagne avec l’Ionscan Sentinel II, le contrat pourrait s’avérer très juteux.

Peu importe si les douaniers éprouvent toujours des difficultés à détecter certains produits chimiques avec ces scanners corporels. Peu importe si un terroriste pourra toujours cacher certains objets dans les cavités naturelles du corps humain. Le risque zéro n’existe pas nous dit-on, mais les profits n’attendent pas.

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