L’écrivain d’origine péruvienne Mario Vargas Llosa a présenté à la Casa de América, à Madrid, son dernier roman intitulé « El héroe discreto« .
Plus d’une centaine de journalistes et proches du Prix Nobel de Littérature étaient présents pour assister à cette présentation dans l’amphithéâtre Gabrilela Mistral.
Pendant cinquante minutes, Mario Vargas Llosa a parlé de sa dernière œuvre en commençant par expliquer le processus de création de ce roman : « L’imagination ne travaille pas dans l’abstrait mais à partir d’images réelles. Le fantasme a besoin de travailler avec les souvenirs et le fantasme est au cœur de toute fiction ».
« El héroe discreto » (Le héros discret) est un retour littéraire de Vargas Llosa vers le Pérou, une rencontre entre la vie de l’auteur et son œuvre, et une autre rencontre entre les lecteurs et son monde littéraire.
Après 15 ans Lima et Piura, les deux villes où l’auteur a grandi, redeviennent les lieux où se déroulent ses fictions dans lesquelles on retrouvera plusieurs de ses personnages fétiches comme le sergent Lituma de « Lituma en los Andes » et Rigoberto de « Los cuadernos de Don Rigoberto ».
Ce nouveau roman raconte avec un brin d’humour l’histoire de deux hommes, Felícito Yanaqué et Ismael Carrera, qui luttent face leur destin en suivant leurs idéaux et leurs désirs.
Ce voyage au Pérou n’est plus le même. Mario Vargas Llosa se montre complaisant envers la situation actuelle de l’Amérique Latine : « Ce continent vit depuis 2000 une période positive en raison de l’ouverture économique, au libre échange et son pari sur l’entreprise privée. La classe moyenne a évolué. Cela a créé des opportunités qui n’existaient pas auparavant ».
Si Mario Vargas Llosa reconnait que les inégalités sont toujours présentes, il estime que les pays latino-américains sont sur le bon chemin grâce à la démocratie, l’ouverture économique et l’investissement privé.
Pour lui, le cancer de ces démocraties c’est la corruption qui fait croire aux gens que tous les hommes politiques sont corrompus, ce qui freine le développement.
La vie quotidienne, l’argent, le pari sur la créativité, les relations familiales et d’autres thèmes sont les aspects essentiels de ce roman. Mais Mario Vargas Llosa en souligne surtout un : la décence.
« Les gens décents représentent la base morale de l’avenir d’un pays et quand un pays perd cette base morale il tombe en banqueroute même si les chiffres de l’économie disent le contraire. Ce qui permet à une société de vraiment progresser ce sont les héros anonymes ».
Felícito Yanaqué est un de ces héros anonymes, lui qui n’accepte pas le chantage de la mafia et le fait savoir dans un journal local, un fait inspiré par un cas réel qu’a expérimenté un chef d’entreprise au Pérou.
Au cours de cette présentation a également donner son opinion sur le nationalisme, une inclination de plus en plus importante de la part des gens vivant en Espagne (Catalogne, Pays Basque) comme ceux qui considèrent que leur pays souffre des conséquences de la globalisation.
Mario Vargas Llosa a alors cité Karl Popper qui disait que « sortir de la tribu c’est le commencement de la civilisation, du progrès et de l’accès à la souveraineté. Mais l’appel de la tribu ne disparait jamais et, parfois il est très fort. Le nationalisme c’est le retour à la tribu, c’est le renoncement à choisir sa propre destinée. Cela a provoqué des guerres. C’est une entrave dont on se libère difficilement. C’est terrible de voir comment le nationalisme puisse réapparaître ».
A 77 ans, Mario Varagas Llosa a parlé comme un adolescent du temps qui passe, qu’il est important de vivre comme si on était immortel, avec des illusions, la capacité de se projeter dans le futur, et l’auteur a conclu en disant : « J’aimerais beaucoup mourir en écrivant, la plume à la main. Il faut vivre jusqu’au bout ».